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Lazy is the new luxury : comment le peignoir s’impose comme une tendance à part entière ?

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Avec l’avènement du homewear et d’un luxe plus tactile, le peignoir s’impose peu à peu comme une pièce maîtresse du vestiaire contemporain. Porté aussi bien à la maison qu’en ville, il brouille les frontières entre détente et sophistication. Autrefois réservé à l’intimité, il incarne désormais une allure nonchalante mais assumée, et devient l’uniforme chic d’une époque qui prône le confort.

Du dressing intime aux podiums de mode

Longtemps relégué à la salle de bain ou à la chambre, le peignoir s’est offert une métamorphose inattendue. Pensé à l’origine pour protéger les vêtements lors de la toilette, il devient aujourd’hui le symbole d’un vestiaire hybride, à la croisée du cocon et du catwalk. Les défilés automne-hiver 2025–2026 ont donné le ton : chez Tom Ford, il se pare d’un satin bleu nuit aux reflets presque liquides, rehaussé de revers en velours profond. Victoria Beckham en propose une version épurée brodée de ses initiales, tandis que Balenciaga s’aventure sur le terrain du sportswear avec un modèle conçu avec Puma. Le peignoir prend des accents de robe d’intérieur précieuse ou de manteau lounge, et s’offre une élégance inattendue. Ce n’est plus un vêtement de transition, mais une pièce à part entière qui affirme un style.

Cette ascension fulgurante révèle plus qu’une simple tendance. Elle traduit un désir plus profond de réconcilier le vêtement avec le corps, la maison avec la rue, le personnel avec le public. À une époque où les codes se brouillent et les rythmes ralentissent, le peignoir incarne une esthétique de la souplesse. Il devient la réponse vestimentaire à un besoin de douceur et d’authenticité. Le succès de cette silhouette fluide illustre un renouveau du style à travers le confort, sans pour autant sacrifier la prestance. En portant un peignoir à l’extérieur, on affirme un goût pour l’anticonformisme élégant, une forme de lâcher-prise qui reste contrôlée. Il se hisse ainsi au rang des pièces capables de raconter un mode de vie, entre luxe assumé et décontraction moderne.

Icône de tapis rouge et star de rue

Avant même d’être plébiscité sur les podiums, le peignoir avait déjà trouvé sa place dans les dressings des célébrités. En mai 2024, Isabelle Huppert en a offert une interprétation magistrale sur le tapis rouge du Festival de Cannes, vêtue d’un modèle immaculé signé Balenciaga. Une silhouette subtile et sculpturale, qui revisitait les codes du glamour hollywoodien à travers un filtre décontracté mais puissant. Ce moment de mode a marqué les esprits : le vêtement d’intérieur y devenait manifeste d’élégance. Quelques mois plus tard, Rihanna a été aperçue dans les rues de Londres, arborant un long peignoir Jacquemus en guise de manteau. Porté ouvert sur un body nude, le geste stylistique était clair : provoquer sans outrance, s’affirmer sans effort. Ces apparitions montrent que le peignoir n’est plus relégué au backstage, il se montre, il défile, il s’impose.

Ces icônes du style participent à redéfinir la notion même d’élégance. À travers le peignoir, elles revendiquent une allure qui ne sacrifie ni le confort ni le statement. On ne se déguise plus pour séduire, on s’habille pour se sentir bien. Et si cela signifie sortir dans un vêtement que l’on associait autrefois à la paresse ou au soin personnel, alors soit. En un clin d’œil, le peignoir est devenu le porte-étendard d’une nouvelle forme de féminité et de masculinité — libre, mobile, détachée du jugement. Il incarne la possibilité d’être à la fois détendu et stylé, ancré dans son quotidien tout en s’en détachant symboliquement. C’est un luxe intérieur qui s’affiche désormais à l’extérieur.

Un vêtement caméléon entre genres et occasions

La force du peignoir réside dans sa capacité à s’adapter. Il est une toile blanche que chaque style peut s’approprier. En soie fluide, il flirte avec la robe du soir ; en éponge colorée, il devient clin d’œil pop ; en coton rayé, il joue la carte du rétro chic. Cette versatilité en fait une pièce caméléon capable de traverser les genres, les âges et les occasions. Sur les réseaux sociaux, on le voit ceinturé sur un pantalon large, porté à même la peau avec des sandales à talons, ou associé à une jupe crayon. Le peignoir s’inscrit ainsi dans une logique de mix and match qui dynamite les codes du prêt-à-porter classique. Et il n’est pas rare de le croiser dans les cafés branchés de Paris ou les avenues de Milan, incarnant une attitude décomplexée mais stylée.

En bouleversant les frontières entre le dedans et le dehors, le peignoir interroge aussi notre rapport au vêtement comme interface sociale. Est-il encore un accessoire de confort, ou bien un manifeste identitaire ? Cette ambiguïté lui donne toute sa force. En s’appropriant un objet du quotidien, souvent associé à la paresse ou au relâchement, la mode lui redonne une dignité esthétique nouvelle. Cela rejoint une logique plus large de réhabilitation des vêtements utilitaires — du pyjama au survêtement — dans les sphères de la haute couture. Le peignoir, dans sa légèreté apparente, devient ainsi un symbole de puissance tranquille. Il ne cherche pas à dominer, mais à exister, pleinement, dans l’espace public.

Quand le confort devient une nouvelle forme de luxe

Ce que révèle l’ascension du peignoir, c’est une redéfinition complète de notre perception du luxe. Il ne s’agit plus d’exhibition ni de rareté ostentatoire, mais de ressenti, d’expérience, de confort. Porter un peignoir en dehors de chez soi, c’est affirmer une nouvelle éthique de la mode : celle du respect du corps, du temps, du besoin de lenteur. Dans un monde toujours plus rapide, saturé de performances et d’images, la douceur devient un luxe. Et le vêtement qui l’incarne le mieux aujourd’hui est peut-être justement celui qui, autrefois, ne sortait jamais des murs domestiques.

Le peignoir s’inscrit ainsi dans un mouvement plus global : celui d’une mode qui apaise au lieu de contraindre, qui accompagne au lieu d’imposer. Il n’est pas là pour séduire à tout prix, mais pour offrir un espace de respiration. C’est en cela qu’il fascine autant : dans sa capacité à concilier simplicité et impact, banalité et poésie. En épousant les gestes du quotidien, il devient manifeste d’un art de vivre où le style ne fait plus souffrir. Et si lazy est le nouveau luxe, le peignoir en est l’étendard — enveloppant, permissif, infiniment désirable.

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