Révélée très jeune dans un film devenu culte, Natalie Portman n’a cessé d’éblouir le public par sa précision, son audace et son intelligence de jeu. De Léon à Black Swan, de la dystopie à la poésie intime, retour sur une trajectoire d’actrice guidée par une rigueur artistique rare.
Un départ fulgurant avec Léon : la naissance d’une étoile
En 1994, à seulement douze ans, Natalie Portman crève l’écran dans Léon de Luc Besson. Elle y interprète Mathilda, une enfant livrée à elle-même après l’assassinat de sa famille, qui se lie d’amitié avec un tueur à gages solitaire joué par Jean Reno. Ce rôle précoce, d’une intensité bouleversante, propulse immédiatement l’actrice sur le devant de la scène internationale.
Malgré la controverse entourant la relation ambiguë entre les deux protagonistes, la performance de Natalie Portman marque durablement les esprits. Interrogée en 2023 par The Hollywood Reporter, l’actrice reconnaît la complexité du film : « Il m’a offert ma carrière, mais oui, quand vous le voyez aujourd’hui, il contient définitivement des éléments gênants. »
L’éveil politique dans V pour Vendetta : quand le corps devient manifeste
En 2005, Natalie Portman impressionne à nouveau dans V pour Vendetta, film dystopique produit par les sœurs Wachowski. Elle y incarne Evey Hammond, une jeune femme prise dans la tourmente d’un régime totalitaire, qui va se radicaliser aux côtés d’un mystérieux justicier masqué. Pour ce rôle, elle n’hésite pas à se raser le crâne à l’écran, dans une scène aussi marquante que symbolique.
Cette transformation radicale accompagne un jeu d’actrice intense, oscillant entre vulnérabilité et détermination. Sa performance lui vaut le Saturn Award de la meilleure actrice en 2007, consolidant sa réputation de comédienne prête à tout pour incarner pleinement ses rôles.
La métamorphose totale dans Black Swan : une performance au sommet
Avec Black Swan de Darren Aronofsky, Natalie Portman livre l’une de ses performances les plus impressionnantes. Elle incarne Nina Sayers, ballerine perfectionniste et fragile, prête à tout pour obtenir le rôle principal dans Le Lac des cygnes. Pour cette performance, elle suit un entraînement de danse classique de plusieurs mois, à raison de huit heures par jour.
Le résultat est une plongée saisissante dans la psyché d’un personnage en quête de pureté, mais en proie à une folie croissante. En 2011, ce rôle lui vaut l’Oscar de la meilleure actrice, couronnant un travail de composition physique et psychologique hors normes.
Jacqueline Kennedy dans Jackie : un rôle habité par l’histoire
En 2016, Natalie Portman endosse le rôle de Jackie Kennedy dans le biopic Jackie du réalisateur Pablo Larraín. Le film se concentre sur les jours qui suivent l’assassinat de JFK à Dallas en 1963. Dans cette œuvre intimiste et sobre, l’actrice incarne la Première dame dans sa douleur la plus nue, mais aussi dans sa dignité et son instinct de préservation de la mémoire présidentielle.
Portman, totalement métamorphosée, restitue avec justesse la voix feutrée, la posture et les manières de Jackie Kennedy. Elle plonge dans les archives, observe les vidéos d’époque et offre une interprétation d’une grande finesse, saluée par une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice.
May December : miroir troublant et jeu de doubles
En 2024, Natalie Portman revient dans un rôle fascinant aux côtés de Julianne Moore dans May December de Todd Haynes. Inspirée d’un fait divers, l’histoire raconte comment une actrice se glisse dans la peau d’une femme controversée ayant eu une liaison avec un mineur, pour préparer un rôle.
En observant son modèle dans les moindres détails – gestes, expressions, intonations – le personnage de Natalie Portman interroge les frontières entre incarnation et imitation, entre éthique et performance. Un rôle en abyme, où l’actrice pousse encore plus loin sa réflexion sur l’art d’être autre.
Actrice caméléon, Natalie Portman n’a cessé de redéfinir les contours de son métier. Entre justesse émotionnelle, engagement physique et finesse intellectuelle, elle incarne une nouvelle génération d’actrices conscientes et audacieuses. Plus qu’un parcours, c’est une quête artistique qu’elle poursuit, toujours en mouvement, toujours en lumière.