Dans un mariage audacieux entre patrimoine et avant-garde, Zegna s’associe à Art Basel pour célébrer un siècle de création responsable. Ce partenariat pluriannuel, déployé sur les quatre foires majeures de Bâle, Miami, Paris et Hong Kong, dépasse le simple mécénat : il incarne la vision d’une mode où l’art devient levier de changement social et environnemental. Pour la maison italienne, héritière d’un territoire transformé par son fondateur, cette alliance marque l’aboutissement d’une philosophie longtemps cultivée dans l’ombre – celle qui fait de la beauté un acte politique.
Trivero, Berceau d’une Utopie Concrète
Dès les années 1920, Ermenegildo Zegna imaginait l’industrie comme un écosystème harmonieux. À Trivero, son village natal, il ne bâtit pas seulement des usines mais une “Oasi” de 100 km² où art et nature dialoguent. Des fresques d’Ettore Pistoletto Olivero aux installations de Daniel Buren, chaque œuvre fut choisie pour son empreinte sur le territoire bien plus que pour sa cote sur le marché.
Cet héritage, longtemps resté confidentiel, trouve aujourd’hui un écho mondial. Le programme “Visible”, co-créé avec la Fondazione Pistoletto, en est la pierre angulaire : il soutient des artistes dont les pratiques répondent aux urgences climatiques et sociales. Loin du greenwashing, Zegna propose un modèle où la création devient outil de résilience.
Art Basel : L’Alliance des Savoir-Faire
Pour Vincenzo De Bellis d’Art Basel, ce partenariat “défend une idée radicale : l’art comme infrastructure du vivant”. Les Visible Situated Fellowships 2025, dévoilées en juin, récompenseront des projets concrets – de la justice territoriale en Amazonie aux ateliers textiles solidaires de Johannesburg.
Zegna investit les foires avec une scénographie immersive où ses tissus innovants (comme la laine recyclée #UseTheExisting) deviennent supports d’installation. À Miami, l’artiste argentine Tomás Saraceno tissera une araignée géante avec des fils Zegna, métaphore des interdépendances écologiques.
Pistoletto, Passeur de Mémoire
Le hommage à Michelangelo Pistoletto, nominé au Nobel de la paix, scelle une filiation artistique vieille de trois générations. Son “Tiers Paradis” – symbole d’équilibre entre nature et technologie – inspirera une capsule collection de costumes en fibres biodégradables.
“Son manifeste Art Responsabile est notre boussole”, confie Alessandro Sartori, directeur artistique. Preuve que ce dialogue dépasse les frontières : à Hong Kong, le collectif Map Office réinterprétera l’Oasi Zegna avec des drones semeurs de graines natives.
Le Luxe de Demain se Tisse Aujourd’hui
“Nous ne sponsorisons pas l’art, nous le cultivons”, résume Gildo Zegna. Cette vision se matérialise par un fonds de 10 millions d’euros dédié aux artistes-activistes, tandis que 1% des ventes de la collection Oasi Cashmere financera des résidences en zones rurales.
À l’ère de l’Anthropocène, Zegna réinvente ainsi le rôle de la maison de luxe : non plus simple producteur d’objets, mais architecte de paysages humains. Comme le dit Pistoletto : “Leur force est d’avoir compris que la mode, comme l’art, doit laisser des traces qui fertilisent le futur.”
En s’alliant à Art Basel, Zegna ne célèbre pas son passé – elle active son ADN pour les défis à venir. Une leçon pour l’industrie : le vrai luxe ne se mesure pas en mètres carrés de boutique, mais en hectares de territoires régénérés, en vies transformées, en beautés qui sèment du sens.