Avec American Love Story, Ryan Murphy s’empare d’un couple emblématique du rêve américain : Carolyn Bessette et John F. Kennedy Jr. La première saison de cette série anthologique explorera leur romance éclatante et tragique, entre glamour, pressions médiatiques et destin brisé. Une fiction très attendue, portée par Sarah Pidgeon et Paul Kelly, dans un récit mêlant histoire d’amour et mémoire nationale.
Ryan Murphy, maître du récit anthologique
Depuis le succès planétaire d’American Horror Story, Ryan Murphy n’a cessé de bâtir un empire narratif fondé sur le format anthologique. Chaque série issue de son univers – qu’il s’agisse de Feud, American Crime Story ou du tout nouveau American Love Story – explore des moments charnières de la culture américaine en les traitant sous un angle dramatique, parfois outrancier, mais toujours documenté. Après avoir mis en scène la rivalité entre Bette Davis et Joan Crawford, ou encore le procès d’O. J. Simpson, Murphy s’intéresse ici à l’intimité d’un couple devenu mythe. Il reste fidèle à son goût pour les figures iconiques, mais choisit cette fois l’amour comme prisme principal de lecture.
Ce nouveau volet inaugure une extension de sa franchise American Stories, qui cherche à embrasser des thématiques plus larges que la simple terreur ou le crime. Avec American Love Story, Murphy met en lumière non seulement les passions qui ont façonné la culture médiatique américaine, mais aussi la manière dont l’histoire intime peut se transformer en matière publique. Cette première saison se penche sur une romance célèbre mais encore peu explorée sous un angle fictionnel. Le couple Bessette-Kennedy, magnétique et discret, incarne une Amérique fascinée par son propre récit. Ce choix éditorial, à la fois glamour et mélancolique, confirme le talent de Murphy pour révéler les failles derrière les icônes.
Un casting prometteur pour une romance tragique
La grande révélation de cette série repose sur le choix de Sarah Pidgeon dans le rôle de Carolyn Bessette. Peu connue du public international, la jeune actrice s’est illustrée dans The Wilds sur Prime Video avant de faire ses débuts remarqués à Broadway. Sa performance dans Stereophonic, saluée par une nomination aux Tony Awards, a manifestement convaincu Ryan Murphy qu’elle était la voix idéale pour incarner la discrète mais charismatique épouse de JFK Jr. Face à elle, c’est Paul Kelly, encore peu médiatisé, qui donnera ses traits à l’héritier du clan Kennedy. La promesse est celle d’une alchimie nuancée, loin des stéréotypes hollywoodiens.
Le reste du casting n’est pas en reste, avec Naomi Watts en Jackie Kennedy, rôle hautement symbolique pour l’univers Kennedy et pour le regard que Murphy pose sur les figures féminines de pouvoir. La série est actuellement en pré-production, sans date de diffusion annoncée, mais devrait réunir l’équipe derrière American Crime Story. Brad Simpson, Nina Jacobson, D.V. DiVencentis et Connor Hines rejoignent Murphy pour piloter cette adaptation sensible. En misant sur des acteurs à la fois talentueux et encore peu surexposés, la série entend raconter cette romance avec la fraîcheur nécessaire pour la rendre universelle, au-delà du fait divers ou du mythe médiatique.
Carolyn Bessette, icône discrète au destin foudroyé
Avant de devenir une figure culte des années 1990, Carolyn Bessette était loin du star system. Après une enfance entre New York et le Connecticut, elle démarre sa carrière chez Calvin Klein, où elle gravite dans un univers mode raffiné sans chercher la lumière. Elle y évolue en tant que responsable des relations presse, en charge de clients prestigieux, ce qui la place déjà au croisement de la célébrité et de la discrétion. C’est là, dans cet équilibre délicat, que naît le personnage médiatique que les tabloïds
s’arracheront dès sa relation avec JFK Jr.
Une série entre mythe américain et mélodrame contemporain
Si Ryan Murphy choisit de consacrer sa première saison à Carolyn Bessette et JFK Jr., ce n’est pas seulement pour leur beauté ou leur célébrité, mais parce qu’ils incarnent à eux deux une forme de rêve américain brisé. Fils du président assassiné en 1963, John Kennedy Jr. portait sur ses épaules une charge symbolique immense. Carolyn, de son côté, représentait une élégance moderne, froide mais magnétique. Leur union, scrutée à outrance, révèle une époque fascinée par l’image et avide de récits sentimentaux aux accents de tragédie grecque.
C’est précisément cette tension que American Love Story cherche à mettre en scène. Le couple est ici moins un sujet de nostalgie qu’un révélateur des obsessions contemporaines : culte des célébrités, injonction au bonheur conjugal, surveillance médiatique permanente. En croisant mélodrame intime et analyse sociale, la série promet une lecture subtile de leur histoire, loin de la simple reconstitution. On y retrouvera le style Murphy, entre esthétisme léché, narration syncopée et sens du détail. Une série qui, à travers le prisme de l’amour, interroge l’Amérique et ses failles.
