Pour le printemps-été 2026, Prada propose une collection masculine où tout respire la simplicité raffinée. Miuccia Prada et Raf Simons signent un vestiaire apaisé, presque enfantin, fondé sur des pièces réduites à l’essentiel. Entre culottes bouffantes revisitées, costumes pastel et accessoires aux teintes vives, la maison milanaise fait l’éloge du calme stylistique. Une mode plus humaine, légère et profondément ancrée dans le présent.
Une collection née d’un désir de calme
C’est dans l’écrin brut de la Fondazione Prada, volontairement dépouillé, que le défilé s’est ouvert. Au sol, une trentaine de tapis hirsutes en forme de fleurs. En fond sonore, des chants d’oiseaux. Cette ambiance presque méditative donne le ton d’une collection que Miuccia Prada qualifie de “calme, agréable, douce”. Avec Raf Simons, ils affirment avoir voulu s’éloigner du spectaculaire, des constructions architecturales habituelles, pour revenir à des vêtements “humains”, dans leurs formes comme dans leurs intentions.
Cette volonté de dépouillement se traduit par un vestiaire simplifié, mais jamais banal. Le premier look résume à lui seul l’esprit de la collection : chemise blanche à col campagnard imprimée d’un lever de soleil délavé, col roulé bleu layette, et ce qui deviendra la pièce phare de la saison : le micro-short bloomer à taille élastique, accessoirisé d’une poche zippée. Une référence assumée à l’enfance et à l’innocence, comme un contre-pied aux codes virils habituels du vestiaire estival.
Micro-shorts et tailoring pastel : le nouveau langage Prada
Cette culotte bouffante, apparue dès les premières silhouettes, revient à plusieurs reprises, devenant l’emblème ludique d’une nouvelle masculinité. Elle évoque une sensualité sans tension, un confort assumé, voire une certaine forme de nostalgie. Prada et Simons la conçoivent comme un manifeste : le vêtement peut être léger, joyeux, et malgré tout réfléchi. Certains y verront l’équivalent masculin de la célèbre culotte brodée de Miu Miu, dans un geste de mode volontairement anticonformiste.
Autour de cette pièce phare gravitent des pantalons amples plissés aux teintes pastel — citron givré, bleu nuage, rose lait fraise — ainsi que des vestes de tailleur à simple ou double boutonnage. À ces ensembles s’ajoutent des survêtements rayés, des blousons ceinturés, des cabans et bikers en vinyle brillant ou en cuir froissé. Les tricots à col bateau, réinterprétés façon “Prada-prep”, viennent rappeler les fondamentaux de la maison tout en s’insérant dans cette nouvelle légèreté revendiquée.
Accessoires vifs et silhouettes désarmantes de fraîcheur
Côté accessoires, Prada décline une palette bicolore vive, rompant avec le noir habituel. Les sacs à dos et sacs de jour en nylon emblématiques de la maison prennent des allures outdoor sophistiquées. Les sacs de voyage en cuir tubulaire s’inscrivent dans la même veine pratique et élégante. Aux pieds, une variété de modèles vient compléter la collection : mocassins à semelle gommino, baskets plimsoll, sandales, sliders, et flip-flops.
Certains looks, plus naïfs dans leur exécution, viennent apporter une note presque poétique à l’ensemble. Pulls à fleurs 70’s, tricots cintrés à poches boutonnées, tee-shirts imprimés de slogans nostalgiques comme “Lover’s Lake” ou “Last Swim” : tout ici semble invoquer un été utopique. L’unique voix chantée de la bande-son, extraite d’un morceau des KLF, entonne “we’re justified and we’re ancient”, rappelant les racines underground et visionnaires du projet. Loin d’être anecdotique, cette collection trace un pont entre les souvenirs d’enfance et un futur de la mode plus doux.
Faire simple, un geste radical chez Prada
À l’issue du défilé, Raf Simons résume l’expérience de création comme “la plus facile” qu’il ait jamais connue. Et pourtant, faire simple n’a rien d’évident. “Créer un pantalon parfait est plus difficile que de faire quelque chose de complexe”, note Miuccia Prada. Ce dépouillement formel, qui pourrait sembler naïf, est en réalité un travail d’orfèvre. Chaque pièce, chaque détail, chaque volume a été pensé pour créer une harmonie douce, portable, et pourtant résolument mode.
Cette recherche de simplicité devient ainsi une forme de résistance face à la surenchère créative actuelle. Dans un monde de collections saturées, Prada choisit la pause, le vide, la respiration. Le message est clair : on peut faire moins, mais mieux. Et dans cet “été Prada”, fait de micro-shorts, de couleurs pastel et de silhouettes délibérément apaisées, la maison milanaise pose les bases d’une élégance nouvelle, plus tendre, plus vraie.
Avec cette collection printanière, Prada délivre une ode à la douceur, à la légèreté et à une masculinité plus fluide. Un retour à l’essentiel, où chaque pièce raconte une histoire d’intimité, de confort et de beauté quotidienne.
