Dans le silence mystique d’un cloître parisien, Aelis Couture a dévoilé sa collection Haute Couture automne-hiver 2025/26 comme une procession onirique. La maison, fidèle à son engagement envers la mode durable et spirituelle, a proposé un vestiaire éthéré, presque liturgique, où chaque silhouette semblait flotter hors du temps. Transparentes, légères, presque sacrées, les créations racontaient une histoire de pureté, de résilience et de renaissance. Une couture engagée, habitée par une âme. Un hommage à la nature, à la lumière, et à l’essence même du vêtement comme prolongement du souffle.
Une scénographie sacrée pour une vision spirituelle
Le choix du cloître pour accueillir le défilé n’était pas anodin. L’atmosphère solennelle du lieu a immédiatement plongé les invités dans un univers suspendu, propice à la méditation. Aucune musique ne venait perturber cette liturgie de la matière. Le silence agissait comme une respiration commune, donnant toute leur puissance aux gestes lents des mannequins, dont la démarche ressemblait à celle de prêtresses modernes. Cette mise en scène minimaliste renforçait l’aura presque mystique de la collection, invitant à une contemplation introspective plutôt qu’à un simple regard esthétique.
Aelis a toujours défendu une approche introspective de la couture, loin du tumulte commercial. Ici, la spiritualité ne relève pas du folklore mais d’un positionnement artistique profond. Chaque tenue était comme une prière silencieuse adressée à la planète et aux traditions artisanales menacées. Ce retour à l’essence, à la lenteur et à la signification du geste, s’inscrit dans une volonté de ralentir, de redonner au vêtement sa dimension sacrée. Un acte de foi, en somme, dans la capacité de la mode à transcender l’apparence.
L’organza et la gaze comme langage poétique
La matière était le véritable protagoniste de ce récit céleste. Organza, gaze, tulles brodés de fils recyclés : les tissus choisis évoquaient la transparence de l’air, la fragilité de l’eau, et la lumière filtrée par une verrière gothique. Les couches superposées de tissus laissaient deviner le corps sans jamais l’exposer brutalement, créant une tension subtile entre nudité et pudeur. Une robe entièrement confectionnée en gaze ivoire semblait se dissoudre dans l’espace, tant sa légèreté défiait la gravité. Le vêtement devenait alors une seconde peau, une aura.
Les teintes naturelles dominaient, avec des blancs crayeux, des gris perle, et quelques touches de vert mousse, évoquant un jardin oublié. Les broderies, réalisées à la main, prenaient la forme de lianes, de branchages ou de coraux, comme si la nature s’était invitée dans l’atelier. La technique ne s’exhibait jamais gratuitement : elle servait une narration délicate, où chaque couture, chaque transparence racontait une histoire. Le luxe, chez Aelis, se mesure à l’intensité du regard, pas à l’éclat.
Un engagement éthique incarné dans l’esthétique
Au-delà de l’esthétique, la collection portait un message fort sur la durabilité. Tous les matériaux utilisés étaient issus de stocks dormants ou de fibres naturelles non traitées chimiquement. Les artisans impliqués dans la confection viennent de structures sociales engagées, renforçant ainsi l’impact éthique de la maison. Ce choix de production lente et consciente témoigne d’un refus des logiques industrielles classiques, au profit d’un modèle circulaire, éthique et humain. La beauté, ici, se construit dans le respect de l’autre et de l’environnement.
Chaque pièce devenait ainsi un manifeste, un acte militant d’une élégance radicale. Porter Aelis, c’est revendiquer une forme de résistance douce mais déterminée à la fast fashion. C’est affirmer que la mode peut être à la fois sublime et responsable, spectaculaire sans être ostentatoire. La directrice artistique Sofia Crociani continue de prouver que la couture peut changer le monde, non par la provocation, mais par la délicatesse. Une couture qui ne crie pas, mais qui chuchote à l’âme.
Des silhouettes entre renaissance et rédemption
Les formes proposées revisitaient les codes religieux sans tomber dans la citation littérale. Capes longues, robes à manches cloche, drapés croisés sur la poitrine : chaque pièce évoquait un rituel, une renaissance. Certaines silhouettes rappelaient les madones des fresques italiennes, tandis que d’autres semblaient tout droit sorties d’un rêve païen. Le corps, jamais contraint, s’enveloppait dans des volumes doux, protecteurs, comme des cocons. Aelis explore la féminité sous un prisme spirituel, loin des canons agressifs ou hypersexualisés.
Les coiffures tirées en arrière, les visages presque nus, et l’absence totale de bijoux renforçaient cette idée d’un dépouillement volontaire. Tout était pensé pour recentrer l’attention sur l’essentiel : le geste, la coupe, la lumière qui traverse les matières. Cette collection automne-hiver 2025/26 ne cherche pas à séduire, elle cherche à élever. Elle invite à repenser notre rapport au vêtement comme vecteur d’émotion, de mémoire et de transcendance. Une proposition rare, audacieuse et nécessaire dans le paysage actuel de la mode.