Les souliers Tabi, reconnaissables à leur bout fendu inspiré des chaussettes japonaises, sont devenus l’accessoire mode le plus commenté de la saison. Après avoir longtemps divisé, ils reviennent au premier plan grâce à leur héritage unique et leur esthétique singulière. Popularisés par Maison Margiela à la fin des années 80, ils fascinent aujourd’hui aussi bien les puristes de la mode conceptuelle que les nouvelles générations en quête de pièces audacieuses. Entre provocation artistique, symbole d’appartenance et objet de désir, les Tabi ne laissent personne indifférent.
Une pièce culte qui traverse les époques
Nés en 1988 sous la houlette de Martin Margiela, les souliers Tabi ont immédiatement choqué par leur design inédit. Inspirés des chaussettes japonaises traditionnelles, ils sont devenus une déclaration artistique, rejetée par certains mais adoptée par d’autres comme symbole d’avant-garde. Plus de trente ans après, ils ne sont plus perçus comme une bizarrerie mais comme un manifeste esthétique, une pièce culte au même titre que les sacs Jacquemus ou les sneakers Balenciaga.
Cette réhabilitation s’inscrit dans une tendance plus large de réappropriation culturelle et stylistique. La mode contemporaine se nourrit d’icônes passées qu’elle réinvente. Les Tabi incarnent ce recyclage créatif : d’accessoire étrange, ils sont devenus le reflet d’un héritage mode fort, associé à l’audace et à la singularité. Ce qui fut autrefois dérangeant est désormais convoité comme un marqueur d’avant-garde.
L’esthétique du bizarre, nouvelle norme fashion
Dans une ère où chaque détail vestimentaire doit se démarquer, les Tabi trouvent naturellement leur place. Leur silhouette à la fois futuriste et traditionnelle incarne une singularité assumée. Les générations Z et Alpha s’en emparent comme d’un langage visuel, une manière de réinventer leur rapport à la mode et d’affirmer une identité unique.
Cette esthétique répond parfaitement à l’air du temps. Le “weird-core” chic, qui explose sur TikTok et Instagram, valorise les formes atypiques, les silhouettes étranges et l’humour visuel. Avec leur allure presque extraterrestre, les Tabi cochent toutes les cases de cette tendance. Plus que de simples chaussures, elles deviennent une affirmation artistique, un symbole de l’excentricité maîtrisée.
Un phénomène boosté par la culture populaire
Si les Tabi sont devenus un objet de désir global, c’est aussi grâce à leur visibilité dans la culture populaire. Célébrités et stylistes influents, de Dua Lipa à Rosalía en passant par Harry Lambert, se les approprient, imposant cette silhouette sur les tapis rouges comme dans la rue. Leur portée dépasse le cercle des connaisseurs pour s’imposer comme un signe de reconnaissance d’une mode cultivée et irrévérencieuse.
Les réseaux sociaux amplifient le phénomène. Vidéos humoristiques, posts exagérés sur leur rareté ou leur vol, “fétichisme Tabi” : l’obsession prend des allures presque ironiques. Mais c’est précisément ce ton décalé qui renforce leur aura. Les Tabi deviennent alors un objet de conversation, un symbole partagé qui oscille entre dérision et admiration.
Des déclinaisons infinies pour un objet culte
Pour nourrir cet engouement, Maison Margiela multiplie les déclinaisons. Des ballerines aux mocassins, en passant par les sneakers et les sandales, chaque version renouvelle le mythe. Cuir, tissu, transparence ou effets métalliques : les Tabi se prêtent à toutes les fantaisies sans jamais perdre leur identité.
Cette capacité à se réinventer alimente la collectionnite. Chaque nouvelle variation est perçue comme plus rare et plus désirable que la précédente. Les Tabi deviennent alors un investissement esthétique, une pièce de collection qui dépasse la simple utilité. Elles incarnent une époque où le luxe se définit par la singularité, où posséder un objet rare signifie aussi affirmer un goût pour l’audace et l’expérimentation.