Thứ Bảy, Tháng 6 21, 2025

Ce que vos ongles révèlent (malgré vous) sur votre classe sociale

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On croit choisir une manucure pour suivre une tendance ou affirmer son style. Mais selon plusieurs expertes interrogées par El País, nos ongles disent bien plus qu’on ne l’imagine. Ils révèlent nos origines sociales, nos aspirations et les privilèges implicites associés à certains styles. Décryptage d’un langage silencieux, entre esthétique, classe et double standard culturel.

Une esthétique en apparence anodine, mais profondément codifiée par les normes sociales

On croit choisir un style d’ongles pour suivre une tendance ou affirmer un goût personnel. Pourtant, selon un article d’El País relayé par plusieurs spécialistes, nos manucures sont rarement neutres. Elles portent les traces silencieuses d’un imaginaire social, d’un système de codes intériorisés, et parfois d’un privilège que l’on ne soupçonne même pas. L’esthétique des ongles devient ainsi un marqueur visuel, qui révèle le milieu dont on vient, celui auquel on aspire ou celui dans lequel on souhaite s’intégrer.

C’est là qu’intervient le concept de “nail privilege” : certaines manucures – jugées un temps “vulgaires” ou “trop voyantes” – ne deviennent acceptables que lorsqu’elles sont arborées par des femmes blanches ou célèbres. À l’inverse, d’autres styles plus discrets sont depuis longtemps considérés comme “élégants” ou “raffinés” car associés à des sphères sociales élevées. En toile de fond, une hiérarchie silencieuse des goûts, des corps et des appartenances culturelles continue d’opérer.

Des Soap nails à l’effet neutre mais au message bien marqué : le luxe discret par excellence

Blanc laiteux, rose translucide, brillance subtile… La tendance des Soap Nails, inspirée de l’esthétique quiet luxury, semble prôner la sobriété absolue. Mais comme le souligne la journaliste beauté Brenda Otero, cette discrétion demande paradoxalement du temps, de l’argent, et un accès à des soins de qualité pour paraître “naturellement parfait.e”. C’est donc une esthétique exigeante – et exclusive – qui incarne, en creux, un privilège social bien réel.

Cette tendance, popularisée par les célébrités, marque aussi un retour au culte du “bon goût” invisible : rien ne dépasse, rien ne choque, tout semble doux et maîtrisé. En apparence démocratique, cette manucure savonneuse s’inscrit dans une tradition très codifiée, où le naturel est toujours savamment construit. Le message implicite ? Montrer que l’on maîtrise les signes du luxe, sans jamais en faire trop.

Ongles courts et nude : la manucure des élites qui ne dit jamais son nom

Sous leurs allures discrètes, les ongles courts et nude cachent un puissant capital symbolique. Comme le rappelle Kimberley Nkosi, ancienne nail artist de la famille royale britannique, cette manucure minimaliste incarne un raffinement hérité. Elle évoque les codes de l’aristocratie, la retenue, et la maîtrise de soi – autant de qualités valorisées dans les cercles de pouvoir. Plus que neutres, ces ongles sont des signes extérieurs de respectabilité.

Dans son ouvrage Nails: The Story of the Modern Manicure, Suzanne E. Shapiro rappelle qu’au début du XXe siècle déjà, cette manucure “naturelle” était l’apanage des classes riches : seule une femme oisive pouvait se permettre des mains soignées, sans callosités ni traces de travail manuel. Aujourd’hui encore, cet héritage persiste dans les représentations : les ongles nude, nets et polis véhiculent toujours une image de discrétion sophistiquée – un luxe silencieux, mais parfaitement lisible.

La french manucure et la manucure XXL : entre esthétique codifiée et double standard racial

Rose pâle, blanc subtil, tracé net : la french manucure est souvent présentée comme intemporelle. Mais derrière cette façade neutre, se cache un code social bien précis. Dans son essai, la chercheuse Lindsay Pieper analyse cette esthétique comme l’expression d’un idéal de beauté blanche, classe moyenne et hétéronormé. Une manucure qui “rassure”, parce qu’elle ne dérange pas. Elle est acceptée parce qu’elle se conforme à une norme, sans jamais la remettre en cause.

À l’inverse, la manucure XXL – longue, ornée, colorée – trouve ses racines dans les cultures afro-américaines et latines des années 80-90. Pendant longtemps jugée “trop voyante”, elle n’a été réhabilitée que lorsqu’elle a été reprise par des figures blanches et influentes. Aujourd’hui, des artistes comme Rosalía ou Billie Eilish la rendent mainstream, tout en effaçant souvent celles qui l’ont portée les premières. Comme le résume la styliste Noelia Jiménez, “le même style, selon le corps qui le porte, devient vulgaire ou audacieux”. Un double standard qui rappelle, encore une fois, que les ongles ne sont jamais juste une question de vernis.

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