Prada embrasse le mouvement comme un langage de liberté. Pour l’automne-hiver 2025, la maison transforme le simple fait de marcher en acte poétique, révélant une nouvelle élégance : collective, fluide et profondément vivante.
Une élégance qui marche et qui pense
Chez Prada, rien n’est laissé au hasard — pas même le mouvement. Avec Motion Pictures, la nouvelle campagne imaginée par Miuccia Prada et Raf Simons, la maison italienne propose une réflexion profonde sur le corps en action. Les mannequins n’adoptent pas une pose figée, ils avancent, ils marchent, parfois même sans but apparent, comme dans la vraie vie. Cette démarche devient une forme d’expression, un style qui se manifeste dans le mouvement plutôt que dans la posture.
Ici, chaque pièce – manteaux à la coupe architecturale, robes aux matières fluides, costumes stricts assouplis par des gestes du quotidien – est conçue pour accompagner l’élan. Rien de décoratif. Tout est pensé pour bouger avec le corps, dans une tension constante entre sophistication et fonctionnalité. Prada signe une déclaration de style qui refuse l’immobilisme et épouse l’instabilité du réel, le flux permanent de nos vies modernes.
Des images en suspension
Les visuels de la campagne – des vidéos au ralenti où les silhouettes évoluent dans des espaces urbains – offrent une poésie visuelle rare. Le son est absent, le silence règne, laissant toute la place aux froissements des tissus, aux vibrations des matières, à la densité des regards. Ces corps qui se croisent sans se toucher, ces pas qui résonnent dans le vide : tout semble chorégraphié par le hasard, mais l’intention est là, précise et assumée.
Le choix du ralenti n’est pas anodin : il permet de capturer l’invisible. Le poids d’un manteau, la nervosité d’un tissu technique, la douceur d’une étoffe de laine – chaque détail est magnifié par le mouvement. On ne regarde plus une image figée, on vit une expérience sensorielle. Le style ne se montre pas, il se devine, il se ressent. Prada transforme le vêtement en vecteur d’émotion, et l’allure en langage.
Le groupe, nouveau visage de l’individu
Autre audace : Motion Pictures ne met pas en scène des figures héroïques, mais des présences multiples. Les mannequins forment un groupe. Ils ne défilent pas, ils coexistent. Il n’y a pas de vedette, pas de solitude mise en valeur. La beauté vient de l’ensemble, du collectif, de cette idée que le style ne réside pas dans une personne, mais dans une énergie partagée.
C’est peut-être là le message le plus fort de cette campagne : l’élégance n’est plus une affaire d’individualisme flamboyant, mais de lien. Prada questionne les récits traditionnels de la mode, souvent centrés sur l’ego, pour mieux célébrer la beauté d’un mouvement commun. Une démarche qui, sans jamais sombrer dans le manifeste, dit quelque chose de l’époque : le besoin d’unité, de fluidité, d’un luxe moins autoritaire, plus habité.
Quand le vêtement devient rythme
Enfin, il faut souligner le rôle central du vêtement dans cette partition visuelle. Ce n’est pas un accessoire décoratif mais un acteur à part entière. Il suit, accompagne, prolonge le geste. Il flotte, se tend, se froisse. Chaque pièce est pensée pour répondre au mouvement, non pour le contraindre. Prada ne conçoit pas ses créations pour qu’elles soient regardées comme des sculptures, mais pour qu’elles soient vécues, portées, traversées.
Cette dimension vivante, presque cinétique, du vêtement évoque une autre temporalité de la mode – moins figée, plus libre, plus humaine. Et c’est là toute la réussite de Motion Pictures : offrir une vision où le style se révèle dans l’élan, dans la marche, dans cette pulsation silencieuse qui fait de chaque pas une affirmation de soi.
