La 35e édition de l’ANDAM (Association Nationale pour le Développement des Arts de la Mode) a dévoilé ses lauréats dans une ambiance estivale et raffinée, au cœur du jardin du Palais-Royal. Cette année encore, les prix ont salué la créativité de jeunes talents internationaux, tout en soulignant leur vision commerciale, leur engagement social ou environnemental, et leur capacité à réinventer les codes de la mode contemporaine.
Meryll Rogge, lauréate du Grand Prix ANDAM 2025
Meryll Rogge, lauréate du prestigieux Grand Prix ANDAM 2025, voit son parcours exceptionnel récompensé après une première nomination en 2024. Diplômée de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, elle s’est illustrée à New York dans l’équipe de Marc Jacobs, avant de revenir dans sa Belgique natale pour collaborer avec Dries Van Noten. En 2020, elle fonde son propre label, porté par une esthétique entre audace et élégance intemporelle. Sa mode brouille les lignes entre classicisme et subversion, mariant tailleurs masculins, étoffes précieuses et silhouettes déstructurées.
Aujourd’hui, son univers mode, raffiné et conceptuel, séduit une clientèle internationale qui cherche à affirmer une identité forte sans renoncer au confort ou à la fluidité. Grâce à la dotation de 300 000 euros et au mentorat de Sidney Toledano (PDG de LVMH Fashion Group), la créatrice pourra étendre sa distribution, renforcer ses équipes et structurer davantage sa maison. Un coup de projecteur amplement mérité pour une designer qui incarne l’équilibre subtil entre artisanat d’exception et vision contemporaine de la féminité.
Alainpaul, Prix Spécial pour une mode du mouvement
C’est une révélation fulgurante de la scène parisienne : Alainpaul, marque éponyme fondée en 2023, décroche le Prix Spécial de l’ANDAM, couronnant un an à peine de présence officielle à la Fashion Week. À sa tête, le créateur Alain Paul, ancien danseur professionnel, et son mari Luis Philippe, signent un projet singulier où le vêtement devient une extension du corps en mouvement. Dans leur vision, la silhouette évolue, s’étire, se défait des codes pour mieux s’inventer.
Alainpaul explore les métamorphoses physiques et identitaires à travers des pièces sculpturales, sans genre défini, inspirées du quotidien comme du geste chorégraphique. Leur esthétique, à la fois fluide et architecturale, exprime une sensualité nouvelle, inclusive, sincère. Déjà finaliste du prix LVMH, la marque est désormais accompagnée par l’ANDAM avec une dotation qui permettra d’amplifier sa production, d’implanter sa distribution, et d’accélérer sa reconnaissance sur la scène internationale. Le duo incarne la vitalité d’une nouvelle génération qui allie engagement, exigence technique et vision artistique forte.
Burc Akyol, prix Pierre Bergé pour un vestiaire affranchi
Burc Akyol, lauréat du prix Pierre Bergé 2025, incarne une mode libre, traversée par des influences culturelles multiples. Né en France de parents turcs, le créateur découvre la couture aux côtés de son père tailleur, avant de se former à l’Institut Français de la Mode. Après des expériences dans les ateliers de Dior et Balenciaga, il lance en 2019 sa propre maison, proposant un vestiaire mixte où s’effacent les frontières de genre et d’origine.
Son style conjugue coupes nettes, étoffes liquides et transparences maîtrisées. Burc Akyol joue avec les codes orientaux sans jamais les caricaturer, questionne l’héritage sans s’y enfermer. Sa démarche séduit par sa sensualité maîtrisée et sa recherche constante de liberté. Le prix Pierre Bergé, destiné à soutenir les jeunes marques françaises de mode, permettra au créateur de renforcer ses équipes et de structurer sa croissance, tout en affirmant son langage esthétique sur la scène internationale. Il rejoint ainsi un cercle d’anciens lauréats devenus aujourd’hui figures incontournables de la mode indépendante.
Sarah Levy, une vision sculpturale de l’accessoire
Récompensée pour son travail sur l’accessoire, Sarah Levy confirme avec cette distinction une ascension méthodique. Déjà finaliste en 2024, la créatrice formée à La Cambre a su séduire le jury par son approche expérimentale des formes et des matériaux. Ses créations — entre bijoux d’art et objets du quotidien — explorent les interactions entre le corps, l’espace et l’usage, dans une tension constante entre fonctionnalité et abstraction.
En s’affranchissant des typologies classiques de l’accessoire, elle invente une nouvelle grammaire de l’objet de mode : boucles d’oreilles qui se transforment en sculptures mobiles, sacs hybrides aux formes mutantes, colliers qui prolongent l’anatomie. Sa démarche s’inscrit dans une logique éco-responsable, avec des matériaux recyclés ou issus de circuits durables. Avec la dotation de 100 000 euros et le soutien d’un mentorat ciblé, Sarah Levy pourra consolider sa production, mieux distribuer ses pièces et approfondir ses recherches techniques. Un nom à suivre de très près dans le champ élargi de la mode expérimentale.