Pour sa collection printemps-été 2026, Pharrell Williams invite à un voyage inédit, entre tradition indienne et narration ludique. Dans un décor inspiré du jeu Snakes and Ladders, le créateur mêle spiritualité, élégance et esprit d’aventure. Résultat : un vestiaire vibrant, entre tailoring raffiné, détails symboliques et clins d’œil au patrimoine Louis Vuitton.
Un podium transformé en plateau sacré
Le parvis du Centre Pompidou s’est métamorphosé en échiquier géant, mais version indienne. Pour ce printemps-été 2026, Pharrell Williams fait appel à Studio Mumbai et à l’architecte Bijoy Jain afin de recréer un plateau de Snakes and Ladders à échelle humaine. Ce jeu, né en Inde au IIᵉ siècle, est bien plus qu’un simple divertissement : il incarne un voyage spirituel, une ascension intérieure. Le mandala géométrique, tissé de lignes dorées et de symboles, évoque la quête de sagesse et l’apprentissage par l’épreuve. En choisissant ce décor, Pharrell transforme le défilé en rite initiatique, où chaque silhouette devient un pas dans ce parcours symbolique.
Mais cette scénographie n’est pas qu’un décor spectaculaire. Elle incarne parfaitement la philosophie du créateur : faire de la mode une expérience sensorielle et culturelle. Le défilé se vit comme un parcours entre le passé et le futur, le réel et l’imaginaire. Le jeu devient métaphore du chemin personnel de chacun, et chaque pièce portée sur ce damier géant s’impose comme une pièce maîtresse, au sens propre comme au figuré. Pharrell ne se contente pas d’habiller : il raconte, il guide, il questionne.
Une Inde rêvée dans un vestiaire d’aujourd’hui
Pharrell Williams n’a pas choisi l’Inde au hasard. Il la convoque avec subtilité, en s’inspirant de son raffinement textile, de ses drapés et de sa palette solaire. La silhouette masculine se voit réinventée dans des coupes oversize, des superpositions aérées et des jeux de textures inspirés du tailoring indien. Chemises rayées, sarouels revisités, vestes croisées… La collection adopte une sophistication organique, teintée de blanc cassé, de bleu nuit, de rouille et de beiges profonds. Le tout compose un vestiaire nomade, ancré dans l’élégance mais conçu pour l’évasion.
À travers ces silhouettes, Pharrell évoque aussi le “glamping”, contraction de “glamour” et “camping”. Cette esthétique hybride se traduit par des pièces techniques, des blousons zippés, des bottes de randonnée stylisées, et des chaussettes hautes portées avec panache. Une idée du luxe pratique, taillée pour les aventuriers modernes. À mi-chemin entre exploration intérieure et escapade physique, cette collection pose les bases d’un nouveau genre de nomadisme chic, propre au langage Vuitton.
Un clin d’œil à Marc Jacobs et Wes Anderson
Impossible de passer à côté du retour d’un imprimé culte : celui imaginé par Marc Jacobs en 2007 pour les bagages du film The Darjeeling Limited de Wes Anderson. Pharrell Williams rend hommage à cette capsule en reprenant l’iconographie faune-flore – éléphants, léopards, palmiers – sur des chemises brodées, des ensembles en maille, ou des costumes rayés revisités. Un hommage joyeux et pop à l’univers du cinéma, qui injecte une touche narrative à la collection.
Mais l’exercice n’est pas nostalgique. En reprenant ce motif emblématique, Pharrell le recontextualise dans un langage plus street et plus moderne. Les imprimés apparaissent là où on ne les attend pas : sur des pièces tailleurs, des accessoires hybrides, ou même en all-over discret sur des parkas. L’imaginaire du voyage devient un terrain d’expérimentation textile. Une façon d’inviter les nouvelles générations à reconsidérer les archives, non comme un patrimoine figé, mais comme une matière vivante à réinterpréter.
Trois tendances clés à retenir de ce voyage stylistique
Première tendance forte : le retour de la tong comme chaussure du quotidien. Oubliée sur le sable, elle s’associe désormais à des pantalons à pinces et à des chemises structurées. Louis Vuitton la propulse dans l’univers du tailoring, brouillant les frontières entre formalité et décontraction. Cette audace stylistique confirme le talent de Pharrell à mêler les contraires avec brio.
Autre tendance phare : le jeu de rayures. Loin d’un imprimé figé, les rayures se mélangent ici dans des tenues soyeuses à l’esprit homewear. Pyjamas d’apparat, chemises fluides, ensembles de détente haut de gamme : le motif rayé devient un prétexte au confort sans jamais renier l’élégance. Enfin, impossible de manquer la récurrence du pantalon bootcut, silhouette fétiche du créateur, décliné en denim brut, en laine légère ou en toile technique. Une coupe qui flatte toutes les morphologies et inscrit le vestiaire masculin dans une dynamique résolument moderne.