Thứ Bảy, Tháng 6 7, 2025

Mylène Farmer : cinq obsessions d’une icône hors du temps

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Muse flamboyante et insaisissable, Mylène Farmer s’impose depuis quatre décennies comme la grande prêtresse de l’ombre et de l’ambiguïté. À l’aube de sa performance au Festival de Cannes 2025 et alors qu’elle incarne une intelligence artificielle dans “Dalloway”, retour sur les cinq obsessions qui tissent l’aura unique de cette artiste inclassable.

La poésie : un souffle de mots pour dire l’indicible

Depuis ses débuts, Mylène Farmer tisse une relation charnelle avec les poètes maudits. Son amour pour Baudelaire n’est pas posture, mais dévotion. Ouvrir un album pop par “L’Horloge” (1988), c’est proclamer que la chanson peut être une forme de littérature noire, incantatoire. Baudelaire, Apollinaire, Aragon : autant de voix qu’elle invoque comme des spectres familiers dans ses textes et ses silences.

Mais Farmer ne se contente pas de citer. Elle réinvente la chanson française en poème visuel et sonore. À l’ère des refrains jetables, elle préfère l’ellipse, le vertige du symbole, la douleur tenue. Ses paroles deviennent des fragments d’âme, ses clips, des poèmes incarnés. Avec elle, la pop devient tragédie lyrique, empreinte d’un romantisme moderne où la nuit a toujours le dernier mot.

La mort et les vanités : théâtre du sublime

Chez Mylène Farmer, la mort n’est ni tabou, ni décor : elle est moteur de création. Sa peur de vieillir, de disparaître, de ne “plus grandir”, irrigue son œuvre comme une veine noire sous la peau. Le sang, les squelettes, les corps en décomposition deviennent figures familières d’un théâtre gothique personnel, nourri d’art funéraire et de symbolisme médiéval.

Ses concerts sont des processions. Lors du Tour 2009, deux immenses statues inspirées du Transi de René de Chalon dominent la scène comme des memento mori. La rumeur dit qu’elle dort dans un cercueil. Peu importe que ce soit vrai : elle en fait un mythe. Mylène Farmer ne fait pas que chanter la mort – elle l’habille, la danse, l’offre au regard comme un miroir de notre fragilité.

Le sexe : sacré, transgressif, dénudé

“Je confesse… les histoires de fesses”, chante-t-elle avec une candeur brûlante. Chez elle, la sexualité n’est ni outil marketing ni provocation gratuite. C’est un prisme à travers lequel elle explore le pouvoir, la douleur, la liberté. Clips dénudés, scènes d’orgies stylisées, sextoys enfermés dans un cercueil : tout chez Farmer respire le trouble, l’ambiguïté, le désir contrarié.

Son érotisme est pictural, presque religieux. Le corps y est offert, mais jamais profané. Elle rappelle que le sexe peut être un cri, une prière, une révolte. En cela, elle est bien plus qu’une “Madonna française” : elle est une poétesse du corps, qui sculpte la chair avec les mots et l’image, tout en préservant un mystère absolu.

Le genre et l’identité : entre trouble et liberté

Depuis Sans contrefaçon (1987), hymne à l’androgynie et à la liberté d’être soi, Mylène Farmer est devenue une icône LGBTQIA+, sans l’avoir jamais revendiqué. Sa voix fluette qui clame “je suis un garçon” bouleverse les codes genrés, comme son apparence de poupée asexuée façonnée dans les clips de Laurent Boutonnat. Elle ne milite pas : elle incarne.

En posant dans Têtu en 2008, rasoir à la main, elle brouille encore plus les pistes. Femme ? Homme ? Figure mythologique ? Peu importe. Farmer dépasse le genre, transcende les catégories. Elle est fluide avant que le mot ne devienne tendance. Elle parle à ceux qui ne se retrouvent nulle part – et c’est là sa plus grande fidélité.

Le roux : flamme d’identité, feu de sorcière

Chevelure rousse, toujours. Depuis Libertine (1986), cette couleur est son emblème, sa signature. Elle n’est pas rousse de naissance ? Qu’importe. Elle l’est devenue par volonté esthétique, par besoin de singularité. Le roux, souvent associé à la sorcellerie, à l’anormal, est ici sublimé, glorifié, sacralisé.

Elle le dit elle-même : “Il y a eu une erreur de la nature. J’aurais dû naître rousse.” Cette phrase, mi-sérieuse, mi-fataliste, résume tout. Chez Mylène Farmer, tout est choix. Tout est masque sincère, fiction révélatrice. Être rousse, pour elle, ce n’est pas se distinguer : c’est exister pleinement, dans l’incandescence de la différence.

Mylène Farmer n’est pas une chanteuse. Elle est un mythe vivant, un poème de chair et d’ombre, une cathédrale intime bâtie sur les ruines du silence. À l’heure où le monde crie, elle murmure. Et ce murmure, depuis quarante ans, ne cesse de hanter ceux qui savent encore écouter.

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