Après le succès oscarisé de Past Lives, Celine Song revient avec Materialists, une comédie romantique audacieuse sur l’amour à l’ère du capitalisme. Avec un trio stellar (Dakota Johnson, Pedro Pascal, Chris Evans), le film explore les contradictions des relations modernes à travers l’histoire d’une consultante en divorce tiraillée entre deux hommes. Entre humour corrosif et profondeur psychologique, ce projet très attendu promet de redéfinir le genre.
L’héritage de Past Lives : une attente cinéphile sans précédent
Le premier long-métrage de Celine Song, Past Lives, avait marqué les esprits par son approche subtile des émotions et sa photographie épurée. Le film avait établi la réalisatrice comme une voix unique dans le cinéma indépendant contemporain, capable de transformer des histoires intimes en réflexions universelles sur le destin et les choix de vie. Son traitement délicat des non-dits et des silences éloquents avait créé une attache particulière chez les spectateurs et la critique.
Avec Materialists, Song conserve sa signature visuelle tout en opérant une mue vers un registre plus dynamique et énergique. Les premiers aperçus révèlent une utilisation encore plus inventive des couleurs et des cadres, où chaque plan semble porter un sens caché. La réalisatrice aurait travaillé avec son chef opérateur habituel pour développer un nouveau langage visuel adapté à la comédie romantique, tout en gardant cette profondeur psychologique qui fait sa marque de fabrique. Le film promet d’être à la fois une évolution naturelle et une réinvention audacieuse de son style si particulier.
Un casting trois étoiles aux personnages complexes et nuancés
Dakota Johnson incarne Sofia, une consultante en divorce cynique et indépendante qui facture ses conseils conjugaux à l’heure, tandis que Pedro Pascal joue le rôle d’un milliardaire charismatique habitué à acheter tout ce qu’il désire, y compris peut-être l’amour. Chris Evans complète le triangle amoureux en interprétant l’ex petit ami idéaliste et désargenté, encore profondément attaché à Sofia malgré leur rupture. Ce trio d’acteurs, rarement réunis à l’écran, apporte chacun leur aura particulière au projet.
La chimie entre les trois comédiens est déjà palpable dans les premières images dévoilées. Les scènes de confrontation, notamment une séquence clé lors d’une vente aux enchères caritative où les deux hommes s’affrontent symboliquement, promettent des moments d’acteur intenses et électriques. Chaque personnage représente une facette différente des relations modernes et des contradictions de notre époque, créant une dynamique narrative riche et nuancée. Les rumeurs suggèrent que Song a laissé une grande place à l’improvisation pour capturer l’authenticité des interactions entre ces trois archétypes contemporains.
Une comédie romantique qui déconstruit le genre
Materialists ne se contente pas de reprendre les codes traditionnels de la comédie romantique, il les examine, les critique et les réinvente complètement. Le scénario explore sans concession les contradictions de l’amour à l’ère des applications de rencontre et du consumérisme effréné, posant des questions provocantes sur la nature des relations contemporaines. Le titre lui-même est un manifeste, suggérant une réflexion sur ce que nous valorisons vraiment en matière d’amour et de connexion humaine.
Les dialogues ciselés, dont certains auraient été inspirés par des thérapies de couple réelles, abordent des thèmes contemporains comme la monétisation des sentiments ou le paradoxe du choix en matière amoureuse. Loin des happy ends conventionnels, le film propose une réflexion plus ambivalente et mature sur les relations humaines dans notre société hypercapitaliste. Une scène particulièrement marquante montrerait Dakota Johnson expliquant froidement à un client que son mariage est “une mauvaise investissement émotionnel”, résumant ainsi l’approche provocante du film.
Une esthétique new-yorkaise vibrante et significative
Le film capture l’énergie particulière de New York à travers une photographie vibrante et des lieux soigneusement choisis pour leur charge symbolique. Des scènes tournées dans l’Apple Store de Fifth Avenue, temple du consumérisme moderne, aux séquences intimistes dans des lofts industriels transformés en espaces de vie, chaque décor raconte une partie de l’histoire et reflète les tensions internes des personnages. La ville elle-même devient un personnage à part entière, miroir des contradictions contemporaines entre matérialisme et quête d’authenticité.
La direction artistique, confiée au chef opérateur de Past Lives, utilise des contrastes saisissants entre les univers des différents personnages. Les costumes, signés par une styliste de renom, reflètent parfaitement les personnalités complexes des protagonistes et leurs évolutions respectives. Le milliardaire de Pascal serait toujours vêtu de costumes sur mesure mais visiblement inconfortables, tandis que le personnage d’Evans porterait des vêtements usés mais pleins de personnalité. Quant à Sofia, son style évoluerait au fil du film, passant de tailleurs stricts à des tenues plus fluides, traçant ainsi son parcours émotionnel à travers sa garde-robe.
Avec Materialists, Celine Song signe une comédie romantique résolument moderne, aussi drôle qu’incisive. Entre scènes hilarantes et moments de mélancolie, le film capture les contradictions de l’amour contemporain. Après Past Lives, la réalisatrice confirme son statut de voix essentielle du cinéma actuel.
