Thứ Hai, Tháng 6 16, 2025

Kim Higelin : L’éclosion douce d’une actrice puissante du cinéma français

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Entre profondeur dramatique et fraîcheur romantique, Kim Higelin trace un chemin singulier dans le paysage du cinéma français. Révélée dans un rôle bouleversant, elle s’affirme désormais avec grâce et audace dans des partitions légères, sans jamais perdre la densité intérieure qui la caractérise. Portrait d’une actrice à la fois discrète et magnétique, en pleine ascension.

Racines de théâtre, envol d’écran

Chez Kim Higelin, le théâtre n’a pas été une étape, mais une fondation. Fille de l’acteur-réalisateur Ken Higelin, elle grandit dans un foyer où l’art de la scène est une seconde langue. Dès l’enfance, elle se met en scène pour divertir sa famille, mais c’est à l’adolescence, en incarnant Hermione de Andromaque sur les bancs du lycée, qu’elle comprend qu’elle ne veut pas simplement jouer — elle veut être comédienne. Cette conviction précoce s’enracine dans une rigueur apprise très tôt : ponctualité, discipline, respect du plateau. Autant de règles que Kim adopte avec un naturel presque ancien.

Son parcours ne trahit aucun excès. Avec un bac littéraire en poche, elle finance ses études de théâtre en servant dans un café à Bastille. Elle entre à l’École de l’acteur Sophie Akrich, affine son jeu, et fait ses premières armes dans des productions télévisées : Skam France, Alexandra Ehle, puis Clèves de Rodolphe Tissot. Mais c’est Plan B (TF1), série dans laquelle elle interprète une adolescente en détresse, qui la révèle. Ce rôle s’avère prémonitoire d’un bouleversement bien plus grand : celui du Consentement.

Le Consentement : fracture intime, tremplin public

Adapter Le Consentement, récit autobiographique de Vanessa Springora sur la relation pédocriminelle qu’elle a subie, relevait du défi. Kim Higelin, alors âgée de vingt ans, accepte de s’effacer derrière une jeune fille de treize ans. Une transformation physique, mentale, presque spirituelle. “Il fallait que j’efface mon dégoût personnel pour jouer la fascination”, confiera-t-elle. Cette ambiguïté bouleversante, elle la porte avec justesse. Le film, porté par Jean-Paul Rouve dans le rôle glaçant de Matzneff, bouleverse la critique… mais tarde à toucher le public.

C’est TikTok qui renverse la donne. Les spectateurs filment leurs réactions à la sortie des salles, certains encore en larmes, sidérés. Le bouche-à-oreille numérique s’embrase. Les entrées explosent, de 60 000 la première semaine à plus de 500 000 au total. Le visage de Kim Higelin, figé dans une intensité rare, devient celui d’une génération révoltée mais lucide. Sa nomination au César du meilleur espoir féminin sonne comme une évidence — même si elle laisse le trophée à Ella Rumpf, Kim a gagné un statut : celui d’actrice qui compte.

Léger virage, souffle nouveau

“Je n’ai pas senti de rupture nette après Le Consentement,” dit-elle. Pas de frénésie, pas de paillettes en excès. Juste une continuité. Mais cette discrétion n’est pas une inertie. Elle est choix. Et parmi ces choix, il y a Un ours dans le Jura, comédie signée Franck Dubosc, où Kim incarne Blanche, adolescente rebelle et drôle, loin de la gravité de ses précédents rôles. Face à Benoît Poelvoorde, Emmanuelle Devos et Laure Calamy, elle révèle une autre facette de son jeu : une précision comique, un rythme instinctif, un humour subtil.

Dans ce film, la montagne enneigée devient terrain d’absurdité, et Kim y trouve une liberté rare. “Je ne pensais pas refaire de comédie, confie-t-elle. Quand Franck m’a appelée, j’ai senti que c’était juste.” Juste, aussi, cette capacité qu’a l’actrice de passer d’un genre à l’autre, sans jamais perdre la profondeur du regard. C’est cette capacité caméléon, alliée à une sensibilité toujours à fleur de peau, qui fait d’elle une interprète précieuse.

Alterlove : un cinéma de l’instant 

Dans Alterlove, réalisé par Jonathan Taïeb, Kim Higelin renoue avec l’intime, mais dans un registre lumineux. Tourné en dix nuits dans un Paris nocturne, le film retrace la rencontre spontanée de deux âmes — Elle et Lui — qui se cherchent dans une capitale endormie. Le réalisateur pense à Kim après l’avoir vue dans Le Consentement. Un échange fortuit avec Vanessa Filho à une terrasse achève de le convaincre. Le lendemain de sa nomination aux César, Kim rencontre Jonathan Taïeb. Le destin, parfois, a de ces douceurs.

“J’aime l’idée de me lancer avec un jeune réalisateur, car je suis moi-même au début de ma carrière.” Alterlove devient alors un laboratoire poétique, un espace de création partagée, où l’instinct prime. Pas de maquillage outrancier, pas de drame appuyé, juste deux corps qui errent, parlent, se frôlent, s’aiment peut-être. Dans cette simplicité, Kim Higelin explore un autre pan de son art : celui du non-jeu, de l’instant suspendu, de la sincérité brute. Un film comme une confidence nocturne, à mi-chemin entre les réverbères et les silences.

Kim Higelin ne cherche pas à brûler les étapes, mais à les vivre pleinement. Chaque rôle est un territoire qu’elle habite avec humilité et intensité. Du théâtre à la comédie, du drame social au romantisme épuré, elle avance à pas assurés, fidèle à son instinct, curieuse de l’autre, généreuse dans le jeu. À seulement vingt-trois ans, elle a déjà ce que tant d’autres cherchent toute une vie : une voix, une vision, une âme d’actrice. Le cinéma français vient peut-être de trouver l’une de ses étoiles les plus prometteuses.

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