Pour sa collection Printemps-Été 2026, EGONLAB propose un hommage intime aux racines bretonnes de ses fondateurs. Intitulée IN MEMORIAM, la collection puise dans les souvenirs familiaux pour tisser un lien entre tradition et modernité. Le vestiaire devient ici territoire émotionnel, conjuguant rigueur urbaine et douceur patrimoniale dans une déclaration de style profondément habitée.
Une ode à la figure tutélaire de René Glémarec
Plus qu’un simple exercice stylistique, la collection IN MEMORIAM s’ouvre comme un livre de souvenirs dédié à René Glémarec, grand-père des créateurs du label. Figure discrète mais fondatrice, il incarne un héritage affectif que la mode vient ici magnifier. Les vêtements deviennent des vecteurs de transmission, porteurs de mémoire à travers chaque couture, chaque détail minutieusement façonné. Les coupes emblématiques d’EGONLAB — épaules affirmées, tailles cintrées, silhouettes architecturées — s’adoucissent au contact d’étoffes mouvantes, comme pour mieux épouser la tendresse du souvenir.
La cohabitation entre rigueur formelle et lyrisme textile insuffle à la collection une densité rare. Les capes s’ouvrent telles des ailes familières, les cols oversize rappellent la géométrie des coiffes bigoudènes, tandis que certaines pièces arborent des éléments traditionnels réinterprétés, comme les boutons d’uniforme naval ou les céramiques bretonnes stylisées en imprimés. Rien n’est anecdotique : chaque pièce est pensée comme un talisman, un fragment d’histoire personnelle transposé dans l’univers du vêtement.
Le vêtement comme archive vivante d’un territoire
Chez EGONLAB, la Bretagne n’est pas une carte postale figée, mais une matière vivante qui irrigue la création. La collection explore cette tension fertile entre l’ancrage et le mouvement, le patrimoine et l’innovation. Ainsi, la fleur de lys devient broderie de porcelaine, patiemment façonnée pendant plus de 300 heures aux côtés de l’artiste céramiste Flávio Juán Núñez. Le vestiaire se construit alors comme un autel textile, mêlant la mer et la terre, les clochers bretons et l’horizon parisien, la liturgie de l’enfance et l’élan du contemporain.
Les matières incarnent cette ambition de dialogue entre époques. La gabardine croise la dentelle traditionnelle, les brocards s’acoquinent à des mailles techniques, les chemises de lin se brodent d’or comme pour raconter une noblesse oubliée. EGONLAB multiplie les allusions à l’artisanat local, sans jamais sombrer dans la citation décorative : chaque geste de couture, chaque surface textile raconte une histoire vraie, vécue ou transmise. Le vêtement devient alors archive sensible, objet rituel et outil de projection.
Une esthétique romantique au service d’un discours contemporain
S’il convoque le passé, EGONLAB n’en reste pas captif. La collection IN MEMORIAM affirme une esthétique puissante, où les codes classiques du tailoring sont déconstruits avec élégance. La romance y côtoie la radicalité dans une harmonie rare : costumes à emmanchures fendues, capuches de lin flottantes, pantalons plissés au tombé fluide. Le tout mis en scène dans un jeu de contrastes chromatiques, entre noir sépulcral, ivoire laiteux, bleu encre et vert d’eau. Une palette qui évoque autant les paysages bretons que l’intériorité d’un deuil sublimé.
Cette approche hybride permet à EGONLAB de réconcilier douceur et force, fragilité et détermination. En plaçant la vulnérabilité au cœur de la création, le label esquisse une nouvelle grammaire du masculin — sensible, respectueuse, complexe. Dans un monde saturé d’images et de discours, cette sincérité stylistique fait figure d’exception. EGONLAB choisit l’émotion sans mièvrerie, la mémoire sans passéisme, et propose une vision du vêtement comme interface affective entre soi et le monde.
Un lien filial entre racines et avenir
À travers IN MEMORIAM, EGONLAB tisse une trajectoire émotive, une ligne directe entre la Bretagne de l’intime et les podiums de la modernité. Le vêtement devient le vecteur d’une quête identitaire, un fil tendu entre générations. Ce n’est pas seulement un hommage, mais une manière de poser des repères dans le tumulte du présent, en s’ancrant dans une filiation choisie. Cette démarche incarne la singularité du label, à la fois audacieusement visionnaire et profondément enraciné.
La force de cette collection réside dans son honnêteté. Rien n’est joué, tout est vécu : les silhouettes sont habitables, les tissus respirent une chaleur familière, et l’ensemble compose un vestiaire à la fois poétique et pragmatique. EGONLAB réussit à rendre hommage sans tomber dans le registre du deuil figé : il offre une célébration en mouvement, un chant d’amour textile dédié à ceux qui nous ont précédés. Un manifeste sincère où l’héritage n’est plus un poids, mais une promesse.