Quand la haute parfumerie s’invite au jardin, que les maisons de couture transforment les après-midis en rituels de beauté, et que les pop-ups se font autant galeries que salons d’expérimentation… ce printemps à Paris, l’élégance sensorielle est un art de vivre. À travers Chanel, Prada, Dior ou encore Fenty, la capitale dévoile une nouvelle ère du soin : immersive, raffinée et furieusement créative.
Chanel et le santal : immersion végétale au cœur du luxe invisible
Du 22 au 25 mai, le parc de la Villa Windsor s’est mué en sanctuaire olfactif sous la houlette de Chanel. À l’occasion de l’événement Jardins, Jardin, la maison française a présenté un projet d’une rare poésie : Le Santal de Chanel, un jardin narratif retraçant le voyage fascinant du santalum austrocaledonicum, cet arbre précieux originaire de l’île de Maré, en Nouvelle-Calédonie. Ici, l’ombre d’un arbre devient lumière d’un flacon, et l’écorce brute se transforme en note signature du légendaire N°5 Extrait ou de Bleu de Chanel.
Ce parcours sensoriel mêle botanique, géopolitique du parfum et alchimie contemporaine. Dans une mise en scène sobre et élégante, les visiteurs ont pu toucher les copeaux, humer les absolus, comprendre les défis environnementaux liés à la récolte durable du santal. Chanel, fidèle à sa philosophie artisanale, affirme une vision du luxe enracinée dans la terre, mais tournée vers l’éthique. Une expérience aussi intime qu’universelle, où chaque senteur devient récit.
Prada, La Rosée et les pop-ups : quand la beauté devient événement
Toujours rive droite, c’est dans le jardin du Palais Galliera que Prada Beauty a orchestré un pique-nique d’un nouveau genre. Loin du simple stand promotionnel, le label italien a imaginé un univers immersif entre glaces au design avant-gardiste, flash make-up sous pergola, et parfums iconiques diffusés dans l’air tiède du printemps. À cela s’ajoute un photocall onirique et des souvenirs à emporter — miniatures, charms et rires complices. Le tout dans une esthétique cinématographique, comme un déjeuner sur l’herbe signé Fellini.
Non loin de là, dans le Marais, La Rosée déploie son tout premier pop-up au 97 rue de Turenne, transformé pour l’occasion en maison de vacances sensorielle. Ateliers de formulation, roue de la chance, café caché façon speakeasy : chaque recoin du lieu célèbre un hédonisme doux, solaire et joyeux. Plus qu’une marque, La Rosée défend une beauté positive, simple et connectée à la peau réelle. Une parenthèse enchantée pour les flâneurs de passage comme pour les passionnés d’initiations bien-être.
La Suite Dior à Cannes : un écrin de beauté suspendu au 6e ciel
Pendant que Paris s’éveille aux effluves printaniers, Cannes rayonne sous les projecteurs. Dans le cadre du 78e Festival, la maison Dior a réinventé sa suite de 350 m² perchée au sommet de l’Hôtel Majestic. Ici, pas de strass criards ni d’agitation : juste un espace feutré, inspiré par la collection Dioriviera, où chaque geste devient rituel. Natalie Portman, Charlize Theron, Anya Taylor-Joy… Les muses de la maison y ont défilé, sublimées par des séances de soin sur mesure.
Entre massages liftants, make-up de tapis rouge, coiffures sculpturales et manucures haute précision, la Suite Dior s’est imposée comme la destination backstage la plus convoitée de la Croisette. Plus qu’un service VIP, c’est une chorégraphie de gestes, un ballet de textures et de pigments pensé pour révéler la lumière de chaque visage. À Cannes, le cinéma n’était pas uniquement sur l’écran, mais bien dans les moindres détails de ces moments suspendus.
La beauté en fête : Samaritaine et Fenty, nouvelles scènes du soin
À Paris, la Samaritaine célèbre la saison des soleils avec Samaritaine Paris Gonflé, un “Grand Week-End Beauté” transformant le grand magasin en terrain de jeu pour amateurs de soins pointus. Entre masterclass, diagnostics de peau et ateliers immersifs, chaque espace devient un laboratoire joyeux. Current Body initie les curieux au masque LED, tandis que MAC explore la théorie des contrastes. Gucci Beauty, de son côté, rend hommage à la complicité mère-fille avec des sessions de maquillage partagées et tendres.
Mais la surprise la plus inattendue de cette saison beauté vient peut-être… du rap. Sur le tapis rouge de Cannes, Tiakola a fait sensation avec un teint lumineux et une coiffure ciselée, fruits d’un partenariat naissant avec Fenty Beauty, Skin et Hair. Le Lux Balm de Fenty Skin — qu’il a fièrement cité comme son allié de soirée — pourrait bien devenir le produit culte de l’été. Et si Tiakola devenait le tout premier rappeur français ambassadeur de Rihanna ? Une hypothèse plus qu’enthousiasmante, dans un monde où la beauté n’a décidément plus de frontières ni de codes figés.
Ce printemps, la beauté ne se résume plus à une routine ni à un produit. Elle devient expérience, conversation, voyage sensoriel. De Chanel à Fenty, de la Villa Windsor à la Suite Dior, les plus grandes maisons réinventent l’intime en collectif, l’instant en rituel. À Paris comme à Cannes, il ne s’agit plus seulement de se faire belle, mais de ressentir, d’explorer, de s’émouvoir. Et si c’était ça, la nouvelle révolution esthétique ?
