Chủ Nhật, Tháng 6 15, 2025

À Milan, une renaissance architecturale au cœur de la Ca’ Brutta

Must Read

Sous les façades controversées de l’un des bâtiments les plus emblématiques de Milan, un appartement renaît grâce à la sensibilité d’une architecte. En mêlant l’âme du passé au souffle de l’art contemporain, Natalia Bianchi redonne vie à un manifeste architectural oublié.

Une bâtisse moquée devenue icône du XXe siècle

L’histoire commence par une provocation. Au croisement de la Via Filippo Turati et de la Via Moscova s’élève un édifice baptisé avec un humour grinçant « Ca’ Brutta » — la maison laide. Ce surnom, donné par les Milanais dans les années 1920, n’a rien d’anodin : l’immeuble, conçu par Giovanni Muzio en 1923, chamboule les codes en vigueur à une époque encore figée dans les postures néoclassiques.

Mais ce bâtiment n’est pas qu’un coup de tête esthétique. Il cristallise une ambition, celle de faire éclater les conventions architecturales en y injectant la rigueur du style Novecento, tout en flirtant avec l’étrangeté métaphysique chère à Carlo Carrà. Travertin, ciment brut, stuc vénitien : la façade elle-même semble hésiter entre tradition et rupture. Un geste audacieux, voire rebelle, que l’histoire finira par consacrer.

Aujourd’hui, cet immeuble jadis décrié est devenu un symbole. Il incarne cette Milan bouillonnante où les formes osent, où l’art frôle l’architecture, et où le patrimoine se transforme en manifeste. C’est dans ce contexte si particulier que l’architecte Natalia Bianchi décide de poser son regard, et ses mains.

Natalia Bianchi : un regard contemporain sur l’héritage de Muzio

Lorsque Natalia Bianchi découvre l’appartement, elle est saisie par la dissonance entre l’œuvre de Muzio et les transformations infligées par le temps. « C’était comme si le bâtiment avait perdu son âme », confie-t-elle. Les rénovations successives avaient effacé l’intention originelle, comme si la mémoire architecturale du lieu avait été volontairement occultée.

Mais pour cette architecte, nourrie à l’art autant qu’à la structure, restaurer ne signifie pas reproduire. « Je ne voulais pas figer Muzio dans un musée », précise-t-elle, « mais retrouver son esprit, et le laisser dialoguer avec notre époque. » Ainsi commence un travail minutieux : redonner vie à la géométrie d’origine, rééquilibrer les volumes, et surtout, restituer une narration esthétique fidèle aux idéaux du maître.

Le résultat est saisissant. L’appartement, autrefois morcelé, retrouve ses lignes fortes et ses perspectives. Mais il est aussi habité d’une poésie nouvelle, nourrie d’art, de matières, et d’intuition. Un hommage vibrant, mais jamais figé.

Des contrastes qui racontent une histoire

Loin de chercher l’uniformité, Natalia Bianchi insuffle à chaque pièce une tension fertile entre passé et présent. Le marbre froid de l’entrée, hérité de l’esthétique classique, est confronté à la chaleur sensuelle de l’onyx rétroéclairé. Les colonnes métalliques, inspirées de Josef Hoffmann, deviennent le socle de compositions presque sculpturales.

Le dialogue continue dans les détails. Le lambris de la salle de projection évoque les compositions Art déco de Jean Dunand. Le motif losange, peint à la main dans la salle à manger, est un clin d’œil vibrant aux aquarelles rythmiques de Sonia Delaunay. Ici, chaque surface devient un tableau. L’ornementation n’est jamais gratuite, elle est récit. Et l’appartement, à son tour, devient œuvre.

Dans le bureau, l’éclat d’un tableau d’Amoako Boafo dialogue avec une table scandinave des années 1950. Dans le salon, la silhouette énigmatique d’une sculpture de Gormley surgit entre un fauteuil de Gaetano Pesce et une assise Art déco de Giuseppe Pagano. Rien n’est laissé au hasard, tout est équilibre, tension, et jubilation.

Un fil rouge : textures, symboles et mémoire

Ce qui fait la cohérence de cet appartement, ce n’est pas la répétition d’un style, mais la force d’un fil narratif. Un fil invisible qui relie les pièces les unes aux autres non par fonction, mais par émotion. « Il n’y a pas de cœur dans cette maison », explique Bianchi. « Chaque pièce est une entité complète, un fragment de récit. »

Le fil rouge passe par la couleur – des tons ocres aux nuances pierre – mais aussi par les références aux mouvements fondateurs du design moderne : Arts and Crafts, Bauhaus, Wiener Werkstätte. Ces influences nourrissent un langage visuel à la fois cohérent et libre, où chaque objet a sa place, chaque texture, sa mémoire.

Même les stucs originaux de Muzio, laissés intacts, veillent comme des gardiens silencieux sur ce théâtre d’ombres et de formes. L’appartement est redevenu ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un manifeste habité, un hommage vivant à une époque où l’art et l’architecture parlaient d’une seule voix.

La renaissance de cet appartement milanais ne se résume pas à une simple rénovation. C’est une opération de mémoire, une déclaration d’amour à une architecture visionnaire, et une prouesse artistique signée Natalia Bianchi. Grâce à elle, la Ca’ Brutta n’est plus une maison laide, mais un palais d’idées, un écrin d’esthétique, un lieu où le passé et l’avenir s’embrassent dans chaque recoin.

- Advertisement -spot_img
- Advertisement -spot_img
Latest News

Rosamund Pike and Keira Knightley Reflect on the Magic Behind Pride & Prejudice’s Iconic Dawn Scene

Two decades after Pride & Prejudice enchanted audiences worldwide, Rosamund Pike and Keira Knightley have reunited to reminisce about...

More Articles Like This