Pour son numéro de septembre 2025, Vogue France propose une exploration sensible de la mode à travers les époques. Entre mémoire et innovation, le magazine réunit des signatures majeures comme Carine Roitfeld, Steven Meisel et Karim Sadli, pour composer une fresque qui relie le passé glorieux de la haute couture et les nouvelles dynamiques créatives. Ce numéro devient ainsi un manifeste élégant sur l’évolution permanente de la mode, entre hommage aux icônes et regard tourné vers l’avenir.
La résonance des archives
Plonger dans les archives de la mode, c’est renouer avec une mémoire qui nourrit encore et toujours la création contemporaine. Pour cette rentrée, Vogue France met en lumière les pièces emblématiques de maisons légendaires, revisitées à travers des photographies qui en révèlent toute l’intemporalité. Chaque détail de couture, chaque silhouette retracée devient une passerelle entre hier et aujourd’hui, soulignant à quel point la mode s’écrit dans une continuité. Le numéro rend hommage à cette dimension patrimoniale, tout en refusant de l’enfermer dans une nostalgie figée.
Ce dialogue avec les archives trouve un écho particulier dans le choix des mannequins et des mises en scène. Jeanne Cadieu, par exemple, incarne avec modernité les créations de Chanel haute couture, prouvant que des pièces issues des années 1980 ou 2000 peuvent encore résonner avec la sensibilité actuelle. Le geste de Steven Meisel, qui capte ces instants avec une intensité cinématographique, prolonge cette idée : la mode vit parce qu’elle se réinvente à travers chaque génération, prête à renaître sous de nouvelles formes.
Une conversation entre générations
Au cœur de ce numéro, un échange riche entre Carine Roitfeld et Claire Thomson-Jonville éclaire deux visions complémentaires de la mode. La première, ancienne rédactrice en chef de Vogue Paris, rappelle son rôle de pionnière, marquant l’histoire par ses choix audacieux et ses collaborations mythiques, notamment avec Tom Ford. La seconde incarne une nouvelle approche éditoriale, attentive aux mutations sociétales et aux nouvelles formes d’expression créative. Ensemble, elles témoignent d’une continuité qui transcende les époques.
Cet entretien ne se limite pas à un regard rétrospectif : il révèle aussi les préoccupations actuelles qui façonnent le paysage de la mode. Entre affirmation identitaire, ouverture à la diversité et nouvelles pratiques esthétiques, la conversation met en évidence les défis auxquels le secteur doit répondre. Vogue France offre ainsi une leçon précieuse sur l’importance d’écouter les voix du passé pour mieux accompagner celles de demain, dans un univers en constante redéfinition.
La vision photographique de Steven Meisel
Steven Meisel, photographe légendaire, apporte sa propre lecture de cette rencontre entre passé et présent. Avec une sensibilité unique, il propose un hommage cinématographique à la haute couture, transformant chaque image en tableau où le temps semble suspendu. Son regard, toujours affûté, confère aux pièces anciennes une intensité nouvelle, les éloignant du simple statut d’archive pour les propulser dans une actualité artistique vibrante. La mode devient alors récit, où les silhouettes traversent les époques comme des héroïnes intemporelles.
Son travail en collaboration avec Alastair McKimm accentue cette mise en scène sophistiquée. Ensemble, ils offrent une vision où la couture française retrouve sa dimension mythique tout en dialoguant avec un univers globalisé. Ce jeu subtil entre héritage et modernité confirme la place de Meisel comme narrateur visuel de la mode, capable de sublimer les traditions sans les figer. Dans ce numéro, chaque cliché devient une réflexion sur la mémoire et l’avenir, traduisant la force émotionnelle de la mode.
La mode comme éternel recommencement
En filigrane de ce September Issue, une idée domine : la mode est un éternel recommencement. À travers les mutations artistiques des grandes maisons et l’arrivée de nouvelles générations de créateurs, se dessine un paysage en constante effervescence. Vogue France saisit cette dynamique avec un numéro qui n’est pas seulement une célébration esthétique, mais aussi une prise de conscience des bouleversements en cours. La mode ne se contente plus de suivre les tendances, elle interroge le monde et s’y inscrit avec force.
Cet esprit de renouveau se lit également dans la manière dont les collections actuelles sont mises en regard avec la rue, grâce à Karim Sadli. Ses photographies incarnent l’énergie brute d’une génération qui s’approprie les codes du luxe pour les réinterpréter au quotidien. En réunissant ces approches multiples, le magazine propose une rentrée inspirante, marquée par une ambition claire : faire de la mode un espace vivant, où mémoire et modernité s’entrelacent dans une conversation infinie.