Il l’a fait. Encore une fois. Le prodige suédo-américain Armand Duplantis a ajouté une ligne de plus à son palmarès vertigineux. Ce dimanche à Stockholm, devant un stade comble, il a franchi une barre à 6,28 mètres dès sa première tentative. Ce nouveau record du monde, le douzième de sa carrière, est aussi le premier accompli sur le sol suédois, patrie de sa mère. Une performance autant symbolique que spectaculaire, dans un concours qu’il a dominé de bout en bout.
Le symbole suédois
Stockholm n’est pas qu’une ville pour Armand Duplantis : c’est un repère personnel et identitaire. S’il est né en Louisiane, c’est sous les couleurs de la Suède — pays natal de sa mère — qu’il choisit de s’exprimer. Réussir un record du monde ici, dans la capitale suédoise, relevait donc autant du défi sportif que du symbole affectif. Et il a coché cette case avec une aisance qui force le respect.
Ce 6,28 mètres franchi du premier coup, après une mise en jambes impressionnante à Oslo quelques jours plus tôt, vient compléter une fresque déjà impressionnante. L’air de rien, « Mondo » a élevé l’exploit au rang de rituel, et fait de la barre des 6 mètres une formalité presque banale. À Stockholm, il n’avait jusqu’alors jamais dépassé 6,16 m. Ce nouveau sommet local est donc aussi une première.
Un concours maîtrisé de bout en bout
Le concours s’est déroulé sous un soleil éclatant, dans des conditions idéales. Le vent, loin d’être un adversaire, a accompagné Duplantis au moment-clé, soufflant dans le bon sens. Résultat : cinq sauts, cinq réussites dès le premier essai — 5,60 m, 5,80 m, 5,90 m, 6 m, puis 6,28 m. Une démonstration de régularité et de puissance.
Dans ce contexte presque parfait, les autres concurrents semblaient jouer une autre partition. Le Français Renaud Lavillenie, qui commentait aussi l’événement pour la télévision, a pris la quatrième place avec un saut à 5,80 m. Derrière Kurtis Marschall (5,90 m) et Menno Vloon (5,80 m), il a surtout salué la précision technique et la maîtrise du phénomène suédois.
Une série record sans fin
Avec ce douzième record du monde, Duplantis inscrit un peu plus son nom dans l’histoire du saut à la perche. Ce n’est pas juste un exploit isolé : c’est une suite méthodique, régulière, presque mathématique. Le 28 février dernier, à Clermont-Ferrand, il avait déjà franchi 6,27 m. Stockholm prolonge cette logique de progression maîtrisée.
Il est désormais à égalité : six records en salle, six en plein air. Cette régularité prouve que l’homme vole par tous les temps, dans toutes les conditions. Et surtout, il montre que le plafond ne semble jamais assez haut pour ce prodige qui réinvente à chaque saut les lois de la gravité.
L’appétit d’un champion insatiable
Quand on a tout gagné, que reste-t-il ? Des rêves, parfois très personnels. Pour Duplantis, inscrire un record mondial à Stockholm en faisait partie. Ce n’était pas une obligation, mais un objectif profondément enraciné. Et il y a mis les formes : aisance, élégance, efficacité. Il a transformé cette ambition intime en spectacle universel.
À 25 ans, l’athlète ne montre aucun signe de ralentissement. Chaque nouvelle barre franchie semble lui ouvrir des horizons inédits. Son corps est affûté, son mental affamé, et ses performances ne cessent de faire vaciller les limites humaines. Le 6,28 m de Stockholm n’est peut-être qu’une étape vers plus haut encore.
Le saut à la perche est devenu, grâce à Armand Duplantis, un art du dépassement de soi constant. Son record à Stockholm ne résume pas seulement un concours parfait : il symbolise la puissance tranquille d’un athlète qui évolue désormais dans une autre dimension. Le ciel n’est plus une limite — c’est son territoire.
